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Antoine Fratini
Gen 2009
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De l’etre et de la Pensee
Considérations sur l’inconscient fonctionnel
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“ (...) un venin mortel qui pourtant contient en soi des potentialités guéritrices (...) correspond à la perception intuitive de l’effet compensatoire de la position contraire. Il ne faut donc pas l’entendre d’une manière dualiste comme un simple opposé, mais plutot comme un complément, certes dangereux mais néanmoins secourable, de la position consciente. Ceci correspond à la réalité fonctionnelle de l’inconscient”.
C.G.Jung in Mysterium coniunctionis
Une frontière est une ligne, imaginaire ou réelle, qui divise deux ou plusieurs domaines et qui, de ce fait même, les distingue. Ces domaines peuvent être de différentes natures: géographique, biologique, conceptuelle...
Je traitrais donc ici d’un concept liminaire introduit par Jung en psychanalyse et qui est le produit d’une élaboration théorique originale: celui d’inconscient fonctionnel. Il nous faut d’abord ramener par honnètteté intellectuelle la paternité de ce concept dont nous verrons la haute valeur heuristique et le poid épistémologique, au psychanalyste freudien H. Silberer, lui même s’étant probablement inspiré des travaux forts significatifs de K.A.
Scherner[1].
Silberer fut le premier à définir “fonctionnel” un aspect particulier du symbolisme des rêves et de la fantaisie humaine. Aux côtés du symbolisme onirique d’ordre matériel décrit par Freud dans sa Traumedeutung et consistant en des représentations d’idées pourvues de particulières significations inconscientes pour le sujet, Silberer pose l’existence d’un symbolisme d’ordre fonctionnel représentant le fonctionnement même de la psyché. Par exemple, dans les rêves la régréssion de la libido est souvent associée à l’acte de reculer spatialement ou dans le temps; le passage de l’état de veille à celui de songe à une chute dans les profondeurs...
Jung a eu le mérite de poursuivre ces travaux originaux et d’en extraire un concept reliant deux domaines qui, en dépit de l’heureuse distinction entre res cogitans et res extensa établie en son temps par R. Descartes, sont encore souvent confondus: celui de la psyché et de son support biologique, le cerveau.
J’ai pris soin de décrire dans mon Parola e psiche[2] l’excursus théorique qui a amené Jung, à travers les auteurs déja cités et d’autres encore, à entrevoir cette possibilité nouvelle et ô combien riche en perspectives aussi bien théoriques que cliniques. Les chercheurs s’ìinteressant particulièrement à l’aspect scientifique de l’oeuvre jungienne et à son utilité sur le plan clinique ne peuvent ignorer la valeur épistémologique d’une telle formulation, généralement passée en second plan par rapport aux concepts plus connus d’archétype et d’inconscient collectif.
De nos jours, il existe en effet une rupture épistémologique difficilement surmontable entre les théories psychiatriques basées sur les avancées des neurosciences et les théories psychologiques fondées sur le langage et sur l’aspect immatériel de la psyché. Le concept d’inconscient fonctionnel se réfère au contraire à un domaine reliant la sphère psychique à son support biologique par le biais de fonctions cérébrales et de leurs représentations spécifiques. Ces dernières peuvent donc être définies comme les représentants psychiques de processus d’activation neuronale. Par un acte de volonté il nous est possible d’activer telle ou telle autre capacité mentale tandis que d’autres continueront à agir dans l’inconscient. Selon les neuropsychologues, 95% de l’activité cérébrale demeure inconsciente[3].
Il nous faut donc préciser que quand Jung emploie l’exspression “fonctions psychiques”, il entend en fait des facultés comme par exemple la pensée, la mémoire ou l’imagination, ancrées dans le biologique et, tout à la fois, leurs produits au niveau de la représentation inconsciente. A’ propos du symbole, Jung écrira bien qu’il s’agit à la fois d’image et de dynamique.
Ainsi, les rêves et les phénomènes hypnagogiques témoignent d’opérations psychocérébrales survenant dans l’inconscient. Par exemple, les processus de transformation intérieure sont souvent représentés par des thèmes de mort et renaissance. Les rites escogités par les peuples tribaux du monde entier servent précisément à aider ce genre d’opérations gràce à l’engagement du corp et à toutes sortes de pratiques et de scénarios (que les anthropologues nomment contextes rituels).
La psychologie jungienne est donc avant tout une “psychologie de l’être”. En dépit de ses importantes retombées philosophiques, elle n’est pas un cogito, elle ne s’attache pas qu’aux méccanismes cognitifs et ne se limite pas non plus aux seuls éffets du signifiant. Elle s’occuppe plutôt des dynamiques qui se jouent au plus profond de la personnalité. Certes, ces dynamiques s’expriment aussi par la pensée et le langage, mais ne s’y réduisent pas.
Tout mouvement de notre être psychique est supporté par l’activation de nombreux réseaux de neurones appartenant aux différentes régions de notre cerveau et connectés au système nerveux. Ces réseaux se structurent à travers l’expérience sur la base de facteurs innés et acquis. Or, s’il serait incorrect de soutenir, comme le font trop souvent encore neurologues et psychiatres, l’équivalence pure et simple entre psyché et cerveau, il est toutefois évident que ces deux entités doivent bien en un certain lieu se relier. Ce lieu, selon Jung, est celui de l’inconscient fonctionnel. D’un point de vue clinique, la présence d’un tel lieu explique le pouvoir transformant accordé par Jung à l’imagination active qui aurait la faculté de modifier la structure des réseaux neuronaux.
Ces modifications intérieures profondes s’opèrent naturellement, selon les expériences du sujet. Parfois, elles peuvent subir des blocages dus à la répréssion opérée par le Moi ou à un Milieu pauvre en stimulations. L’analyse jungienne, en particulier le transfert, l’attention vers les rêves et l’imagination active, favorisent et même accèlèrent ces opérations en laissant agir spontanément les parties de la personnalité habituellement réprimées ou empêchées.
Les psychiatres tentent de traiter par voie médicamenteuse des états d’âme et des comportements jugés pathologiques en sautant l’éceuil de la psyché et donc “de la souffrance d’âmes en quête de sens” (Jung). La psychothérapie généralement ne fait guère beaucoup mieu car, éprise de pragmatisme, elle finit par ne s’interesser qu’aux symptômes en faisant le commerce de toutes sortes de techniques thérapeutiques brèves. Ainsi, nous assistons toujours plus fréquemment à la naissance de “traitements combinés” à base de psychotropes et de psychothérapies et à des formes de collaborations entre psychiatres et psychothérapeutes.
D’un autre côté, les psychanalystes, dans leur préoccupation justifiée de ne pas envahir le champs de la médecine, ont érigé un mur entre les domaines de la psyché et du bios, ce qui les a amené à considérer le premier comme étant totalement séparé du second. Pourtant, l’analyse des rêves et du transfert indiquent que ce qui se joue dans l’analyse n’est pas uniquement une affaire de signifiants. Le transfert, en tant qu’attraction irrationnelle qui nous attache à l’Autre, est plutôt significatif à tel propos. Le fameu “bain alchimique” dont Jung parle longuement d’abord dans La psychologie du transfert et ensuite dans Mysterium coniunctionis est un symbole de cette impossibilité à maintenir séparés les domaines du matériel et du fonctionnel.
L’analysant change intèrieurement et modifie ses comportements quand s’instaure un rapport profond avec l’analyste. Ce dernier accepte de servir de réceptacle aux projections de ses analysants jusqu’au moment où ceux-ci n’en auront plus besoin. Le transfert tend fréquemment à mettre en jeu ces profondes dynamiques intérieures liées à l’inconscient fonctionnel et il me semble qu’un des buts plus importants et délicats de l’analyse consiste précisément à permettre et à favoriser leurs cours, à la frontière de l’être et de la pensée.
Antoine Fratini
Président de l’Association Européenne de Psychanalyse
www.aepsi.it
[1] Voir H. Ellenberger, Histoire de la découverte de l’incoscient.
[2] Antoine Fratini, Parola e psiche, Armando, Rome 1999
[3] S. Dehaene, Eureka Mars 1999 N°41 bis
Antoine Fratini
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